Sommaire
L'offre publique de mise en ligne d'archives de télévision : entre accès à
la mémoire et logiques institutionnelles
La mise en ligne des archives de télévision en direction du grand public
Présentation des institutions étudiées et de leurs sites Internet
L'offre 'grand public'
Les conditions de la mise en ligne
Des enjeux en terme de mémoire et de transmission d'un patrimoine
La transmission d'un patrimoine télévisuel
La nouvelle condition de l'archive de télévision à l'heure d'Internet
La mise en place de moyens de transmission
Des tensions avec les logiques institutionnelles
Un enjeu économique : entre devoir patrimonial et rentabilité
Un enjeu en terme d'image pour l'institution
Rester pertinent dans le monde du Web 2.0
Résumé du mémoire
L’émergence des nouvelles technologies et d’Internet a profondément modifié
les formes traditionnelles de transmission de la mémoire. En effet, les
techniques de numérisation et le développement du haut-débit ont permis de
diffuser de grands volumes de contenus envers un public toujours plus large.
Nous entrons dans une ère qui permet de respecter « le droit de tous à accéder
à l’information », inscrit dans la déclaration des Nations Unies. Si la
population peut enfin profiter d’un patrimoine commun, la mémoire
audiovisuelle a elle aussi « beaucoup à gagner, dans sa lutte contre les
paradoxes de l’oubli, en exploitant tous les moyens d’entrer et de sortir du
fil du temps passé, de façon à toujours lui porter un regard actuel », comme
l’écrit Olivier Koechlin. C’est la raison pour laquelle des projets de mise
en ligne d’archives de télévision pour le grand public ont
vu le jour. Aujourd’hui, la majorité des organismes européens qui détiennent un
important fonds d’archives ont lancé des plans de numérisation et des
projets de mise en ligne de contenus. Il s’agit souvent
d’organismes publics. Cela leur permet de valoriser leurs archives, de
donner un sens à leur conservation. En effet, n’oublions pas que, comme le dit
Michel Melot : « Accumuler sans projet c’est cultiver l’oubli. »
Il convient maintenant de revenir sur les termes employés ici. Peut-on parler d’archives de télévision et de patrimoine télévisuel ? Le mot « archives » renvoie à des documents produits ou reçus par une personne, un organisme, une institution, dans le cadre de son activité, et qui sont susceptibles d’être consultés ou réutilisés. Ce que le public nomme couramment « archive audiovisuelle » depuis la fin du 19e siècle, recouvre un plus large territoire. Ainsi, comme le rappelle Anne Pérotin-Dumon, « tout document audiovisuel dans lequel on reconnaissait un témoignage historique a été baptisé archive, qu’il émane d’une institution ou non, qu’il ait une valeur informative, probatoire ou artistique. ». Si certains de ces documents pouvaient correspondre à cette notion d’archive (ex. : films tournés par des puissances en temps de guerre), la majorité d’entre eux correspondait plus à la définition d’œuvre que d’archive. En effet, l’archive au sens strict n’est reproduite que de façon exceptionnelle et elle est le reflet indirect d’une activité unique. Or, les archives audiovisuelles, elles, sont reproduites en plusieurs exemplaires et résultent de plusieurs activités (création, production, programmation, etc.) dont elles sont le produit direct. Néanmoins, le terme d’archives de télévision est passé dans le langage courant et professionnel. Ainsi, la loi nº79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives fournit une définition élargie de ce qui peut être considéré comme archives :
« L’ensemble des documents, quelque soit leur date, leur forme, et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou morale, et par tout service ou organisme public ou privé dans l’exercice de leur activité. »
Les programmes de télévision conservés en font donc partie. Cette loi indique que les archives audiovisuelles doivent être conservées dans l’intérêt public, « tant pour les besoins de la gestion et de la justification des droits des personnes physiques ou morales, publiques ou privées, que pour la documentation historique de la recherche ». De plus, la Pratique archivistique française définit les archives audiovisuelles comme des « documents contenant des enregistrements sonores et des images en mouvement ». Nous utiliserons donc ce terme pour nous référer aux documents télévisuels conservés par des institutions.
Mots clés: étude des sites de l'INA, BBC, Radio-Canada, site archive pour tous, haut-débit, archivage, archives, télévision, grand public, stratégie, diffusion, mémoire, transmission, stratégies de mise en valeur, éditorial, archives sur internet, web 2.0, modèle gratuit, modèle marchand
Il convient maintenant de revenir sur les termes employés ici. Peut-on parler d’archives de télévision et de patrimoine télévisuel ? Le mot « archives » renvoie à des documents produits ou reçus par une personne, un organisme, une institution, dans le cadre de son activité, et qui sont susceptibles d’être consultés ou réutilisés. Ce que le public nomme couramment « archive audiovisuelle » depuis la fin du 19e siècle, recouvre un plus large territoire. Ainsi, comme le rappelle Anne Pérotin-Dumon, « tout document audiovisuel dans lequel on reconnaissait un témoignage historique a été baptisé archive, qu’il émane d’une institution ou non, qu’il ait une valeur informative, probatoire ou artistique. ». Si certains de ces documents pouvaient correspondre à cette notion d’archive (ex. : films tournés par des puissances en temps de guerre), la majorité d’entre eux correspondait plus à la définition d’œuvre que d’archive. En effet, l’archive au sens strict n’est reproduite que de façon exceptionnelle et elle est le reflet indirect d’une activité unique. Or, les archives audiovisuelles, elles, sont reproduites en plusieurs exemplaires et résultent de plusieurs activités (création, production, programmation, etc.) dont elles sont le produit direct. Néanmoins, le terme d’archives de télévision est passé dans le langage courant et professionnel. Ainsi, la loi nº79-18 du 3 janvier 1979 sur les archives fournit une définition élargie de ce qui peut être considéré comme archives :
« L’ensemble des documents, quelque soit leur date, leur forme, et leur support matériel, produits ou reçus par toute personne physique ou morale, et par tout service ou organisme public ou privé dans l’exercice de leur activité. »
Les programmes de télévision conservés en font donc partie. Cette loi indique que les archives audiovisuelles doivent être conservées dans l’intérêt public, « tant pour les besoins de la gestion et de la justification des droits des personnes physiques ou morales, publiques ou privées, que pour la documentation historique de la recherche ». De plus, la Pratique archivistique française définit les archives audiovisuelles comme des « documents contenant des enregistrements sonores et des images en mouvement ». Nous utiliserons donc ce terme pour nous référer aux documents télévisuels conservés par des institutions.
Mots clés: étude des sites de l'INA, BBC, Radio-Canada, site archive pour tous, haut-débit, archivage, archives, télévision, grand public, stratégie, diffusion, mémoire, transmission, stratégies de mise en valeur, éditorial, archives sur internet, web 2.0, modèle gratuit, modèle marchand
Plus d’extraits de L'offre publique de mise en ligne
d'archives de télévision : entre accès à la mémoire...
[...] « Les archives de la télévision française s'ouvrent en ligne ». In
O1net.fr, Paris, 27 avril 2006. http://www.01net.com/editorial/314223/les-archives-de-la-television-
francaise-s-ouvrent-en-ligne/?rss [page consultée le 23.06.08]. [63] Entretien
avec Madame Charlotte Robert, art.cit. [64] Régis Debray. « Malaise dans la
transmission », Les cahiers de médiologie, n°11, Paris, Gallimard, 1er semestre
2001, p.17. [65] Régis Debray. Introduction à la médiologie, op.cit., p.3. [66]
Régis Debray, art.cit. p.26. [67] Ibid., pp.32-33. [68] Karine Douplitzky. «
Internet : une nouvelle écologie du savoir », Les cahiers de médiologie, n°11,
Paris, Gallimard, 1er semestre 2001, p.131. [...]
[...] « La diffusion numérique du patrimoine, dimension de la politique
culturelle ». In Site de la Documentation Française, rapport remis au Ministère
de la Culture et de la Communication, 9 janvier 2002.
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/024000087/0000.pdf [document
consulté le 03.05.2008]. Puel Hélène. « Les archives de la télévision française
s'ouvrent en ligne ». In O1net.fr, Paris, 27 avril 2006.
http://www.01net.com/editorial/314223/les-archives-de-la-television-
francaise-s-ouvrent-en-ligne/?rss [page consultée le 23.06.08]. Raynaud
Philippe. « Ina : la mémoire audiovisuelle de tous les Français ». In Site de
l’Ina, Paris, interview d’Emmanuel Hoog, 14 février 2008. http://www.ina.fr/observatoire-medias/dossiers/patrimoine-numerique/ina-
la-memoire-audiovisuelle-de-tous-les-francais.html [page consultée le
17.06.08]. [...]
[...] En effet, si elles se situent bien, d’une part, dans une volonté de
transmission culturelle ; elles sont également, d’autre part, gouvernées par
des logiques institutionnelles. Dans un premier temps, nous avons donc observé
que les institutions publiques étudiées portaient une volonté de transmission
du patrimoine télévisuel. Leurs sites mettent en place de fortes
éditorialisations ce qui permet de contextualiser les contenus et ainsi de
contribuer à une lecture critique des archives. De plus, ces institutions
offrent des contenus contrôlés ce qui constitue une alternative face aux sites
de partage de vidéos sans supervision et avec une hiérarchie basée sur la
popularité. [...]
[...] Ainsi, la mise en ligne d’archives de télévision sur Internet connaît
aussi de telles tensions. Une économie de la mémoire s’est forgée depuis plus
d’une vingtaine d’années. Le concept d’« industrialisation de la mémoire » a
été pensé par Bernard Stiegler[116], faisant par là référence au bourgeonnement
des « industries de la mémoire » depuis le début des années 80. En effet, la
mémoire occupe depuis quelques années une place importante dans nos sociétés,
comme nous l’avons vu, et elle forme désormais un secteur économique de grande
envergure, par la vente de programmes, le trafic de données, etc. [...]
[...] In Site de la Fédération Internationale des Archives de Télévision
(FIAT), New York, conférence internationale de la FIAT, 18 septembre 2005.
http://www.fiatifta.org/conferences/conferences/past/newyork_2005/ny_pap
ers.light.html [document consulté le 28.06.2008]. Gerhardt Paul. « BBC Creative
Archive ». In Digitaal Erfgoed Nederland, 2004.
http://www.den.nl/bestanden/conferentie2004/01APaul_Gerhardt.ppt [document
consulté le 26.06.2008]. Gerhardt Paul. « Creative Archive ». In Ariadne, nº44,
Bath (Royaume-Uni), 30 juillet 2005. http://www.ariadne.ac.uk/issue44/gerhardt/intro.html
[document consulté le 26.06.2008]. Gibson Owen. « Entire BBC archive to go online
». In Site de The Age, article tiré de The Guardian, Londres, 12 juin 2008. [...
Commentaires